• Voilà 35 ans qu'il y pensait.

    Toujours les mêmes questions.

    Il se demandait comment aurait été sa vie si l'amour de sa vie n'était pas mort. Aurait-il revu Max ?

    Il voyait bien que Max en avait assez de ses états d'âme mais il n'y pouvait rien et il ne pouvait pas lui en parler.

    Comment pourrait-il dire à Max que sa vie d'avant lui manquait ?

    Il n'y avait qu'une seule et unique personne à qui il pouvait faire ces confidences.

    Elle, c'était Claire, sa meilleure amie. Elle ne l'avait jamais jugé. Elle l'écoutait simplement et ne disait rien.

    Elle se contentait de le regarder dans les yeux et le serrer dans ses bras.

    Il n'en demandait pas plus, non, il avait juste besoin de cette épaule si fragile qui pourtant portait tout ce poids.

    Alexandre et Claire s'étaient rencontrés durant leurs études.

    Tout le monde pensait qu'ils étaient ensemble, mais ils faisaient bien semblant.

    C'était un peu devenu un jeu pour eux.

    Ils partageaient tout : leurs secrets, leurs déceptions amoureuses, leurs solitudes.

    De simples amis, ils étaient devenus beaucoup plus au fil des mois qui défilaient.

    Ils s'amusaient à se faire passer pour frère et soeur alors qu'il n'y avait, faut bien l'avouer, aucune ressemblance entre eux deux. Mais tout cela les faisait rire.

    Et un jour Claire présenta Angelo à Alexandre.

    Claire vit alors une étincelle se former dans les yeux d'Alex. Elle savait qu'elle avait vu juste et ce fut le début d'une nouvelle vie pour les deux amis.

    Ils n'étaient plus seuls dorénavant. Alexandre avait Angelo et Claire avait rencontré Eve peu de temps après.

    Après le temps de la solitude voilà qu'était arrivé le temps de l'amour pour Alex et Angelo et Claire et Eve.

    La mémoire d'Alexandre lui remémorait son premier réveil auprès d'Angelo qui se trouvait encore dans les bras de Morphée quand il se disait que ses bras, il se sentait comme au paradis.


  • Alexandre et Max se regardaient dans les yeux.

    Regard complice, sourire aux lèvres.

    L’un comme l’autre hésitait à prendre la parole.

    Ce 35ème anniversaire avait comme une couleur spéciale, différente des 34 précédents.

    Soudain, Alexandre se décida.

    « Max ! Il faut que je te dise une chose ».

    Max était à l’écoute, attentif, il avait perçu dans le regard d’Alexandre que ce qu’il allait entendre était important, alors il fit un oui de la tête sans dire un mot.

    « Cela fait maintenant 35 ans que l’on a remonté la pente ensemble. La vie nous a fait nous retrouver ce jour là et depuis on ne s’est plus quitté. On s’est petit a petit reconstruit une nouvelle vie et aujourd’hui je sais que la société que l’on a battit ensemble je ne pourrais pas la faire fonctionner sans toi et inversement. Cela fait plus d’un an que tu me fais des allusions pour que l’on vende et que l’on prenne du temps pour nous, pour qu’on fasse les travaux que l’on a envie de faire dans la maison mais que l’on n’a pas pris le temps de faire. »

    Max regardait Alexandre avait tendresse, il sentait arriver le moment de la délivrance, mais il continuait à garder le silence.

    « C’est décidé, on va vendre ! Mais avant, on fait un dernier chantier, notre maison ! ».

    Le visage de Max s’illumina d’un sourire.

    « Tu sais Alex, la retraite, à toi aussi ça va faire du bien ! ».

    Alexandre profitait du bonheur qui rayonnait du visage de Max.

    « J’ai autre chose à te dire !  Un aveu à te faire ! ».

    Le visage de Max laissa entrevoir comme une lueur d’inquiétude.

    « Ca fait 35 ans que nous sommes amis, que l’on cohabite dans cette grande maison que l’on a réaménagé pour avoir chacun nos quartiers et une partie commune. 35 ans que l’on travaille ensemble, que l’on passe presque tout notre temps ensemble et pourtant il y a une chose que tu ne sais pas sur moi ! »

    Max attendait cette révélation, il ne savait qu’en penser, il était impatient de savoir pour que cette douleur qui venait de lui prendre les tripes cesse, il se rendit compte qu’il avait peur.

    « Je t’ai souvent parlé de Claire, mais je n’ai pas été honnête. J’ai bêtement continué le jeu auquel nous nous amusions elle et moi lorsque nous étions jeunes. Claire était ma meilleure amie et il n’y a jamais rien eu d’autre entre elle et moi que de l’amitié ! »

    Max ouvrit la bouche mais Alexandre l’interrompit.

    « Non ! Laisse-moi finir ! Ne m’interrompt pas s’il te plait ! »

    Max fit un signe de la tête et Alexandre pris une grande respiration avant de poursuivre.

    « Voilà ! L’amour de ma vie que j’ai perdu ce jour-là s’appelait Angelo ! Je suis homo ! Je ne sais pas pourquoi j’ai mis tant d’années pour te le dire, probablement que j’avais peur de ta réaction, je ne sais pas ! Ca faisait longtemps que je voulais te le dire, mais je n’y suis jamais arrivé ! J’espère que tu ne m’en veux pas ? »

    Max s’affaissa au plus profond de sa chaise.

    Son visage devint livide.

    Alexandre le regardait avec inquiétude.

    Les yeux de Max se mirent à perler.

    Max se redressa d’un coup, comme secoué par un regain de vigueur.

    « Si Alex, je t’en veux ! ».

    Alexandre ne savait plus où se mettre.

    « Je t’en veux, parce que ça fait 35 ans que je vis avec toi, que je prends soin de toi et que je souffre de te voir si malheureux. T’enfonçant chaque jour un peu plus dans ta solitude, cultivant le souvenir de cet amour perdu, alors que moi, je suis là près de toi et que tu ne t’es jamais rendu compte que je t’aime et que parce que tu m’as menti, on est peut être passé à côté du bonheur parfait ! ».

    Max se leva, sortit une liasse de billet qu’il posa sur la table du restaurant et se dirigea vers la sortie.

    A peine trois pas plus loin, il se retourna et regarda Alexandre dans les yeux.

    « J’ai besoin d’être seul un moment ! On se retrouve à la maison ce soir ! »

    Alexandre était totalement perdu, ne sachant que faire.

    Jamais il n’avait imaginé que Max puisse être homo lui aussi, il se rendit compte qu’en fait, il ne connaissait pas grand-chose de la vie de Max, un peu comme si « l’après » avait été sa seule vie et qu’hormis leur première rencontre et leur collaboration sur le chantier du centre commercial, Max n’avait jamais eu « d’avant ».

    Alexandre se sentit honteux, égoïste.

    Comment allait-il faire ?

    Il ne savait qu’une chose, il lui faudrait attendre ce soir, car il connaissait trop bien Max et ne pas lui laisser la solitude dont il avait besoin serait une erreur pire que celle qu’il avait déjà commise.


  • Max avait besoin de réfléchir et se dirigea à l'endroit où tout cela avait commencé.

    Il devait être seul pour faire le point sur ces 35 années de vie commune.

    Il alla directement à cet hôtel qu'ils avaient pris ce jour là. Il pris la même chambre. Il avait besoin de se retrouver.

    Il se fit couler un bon bain chaud et alluma la télévision pour faire un fond sonore.

    Toujours les même images se disait-il.

    Et oui, il n'y avait pas qu'Alex et lui qui commémoraient cet anniversaire, tout le pays faisait la même chose.

    « Comment ma journée pourrait être encore plus pourrie ? »

    Après cette réflexion, il plongea dans la baignoire pour s'empêcher de penser.

    Mais même dans cette eau douce, son esprit revenait toujours vers Alexandre.

    Il se demandait ce qu'il pouvait bien faire. Pensait-il à lui autant que lui ?

    Après tous ses mensonges, il ne savait plus très bien s'il devait lui en vouloir ou simplement l'accepter comme il était.

    Mais comment pourrait-il lui faire encore confiance ?

    Il se dit qu'il aimerait bien être une petite souris juste pour savoir comment Alex se sentait.


  • A vrai dire, se retrouver dans une chambre d’hôtel, et surtout dans celle là, en particulier, en pareille circonstance, ce n’était pas génial.

    Mais il lui avait semblé que c’était comme une question de survie.

    Sur le chemin, il avait eu, à de multiples occasions, le sentiment d’avoir la respiration coupée. Un peu comme si des bouffées d’angoisse lui bloquaient le larynx et que des pleures lui noyaient les yeux.

    Comme endroit de replis, après ce qui leurs était arrivé, cette chambre là, et surtout  après ce qu’Alexandre venait de lui apprendre, c’était comme revivre le pire, après l’anéantissement et peut être une chance de tout remettre à plat.

    Malgré tout et assez bizarrement, sa respiration était redevenue normale, quand il était pénétré dans la chambre, le calme relatif qui régnait entre ces 4 murs et le fait d’être plongé dans l’eau encore fumante était apaisant.

    Quelques minutes plus tôt alors que l’eau coulait encore dans la baignoire; il ôta sa cravate, déboutonna sa chemise et se laissa tomber sur le lit.

    « Merde le salaud ! Après tout ce qu’on a vécu ensemble, depuis toutes ces années, me cacher ça, à moi ! »

    Il vivait dans sa chaire, la pire des trahisons qu’il lui ait été donné de connaitre.

    Son ami, celui qu’il avait aidé à remonter la pente, qu’il avait a de multiples occasions, pris dans ses bras, pour lui faire passer ces gros coups de cafards, ne lui avait pas dit que son amour, celui qu’il avait pleuré si souvent et si longtemps, était un homme.

    Et pourtant des choses ensemble, ils en avaient partagé.

    Les démarches auprès des autorités, les recherches infructueuses, d’amis survivants. Les entretiens d’embauche pour retrouver un travail, parce qu’il fallait bien continuer à vivre, malgré tout.

    Toutes ces années dans la promiscuité. Il s’était tant de fois effacé pour cacher ses sentiments, par peur qu’Alexandre ait pu croire qu’il s’abandonnait à un sentiment de pitié, qui l’aurait conduit à cette chose inconcevable, que celle d’un amour entre deux hommes qui au fond, ne s’étaient rapprochés, que par des circonstances dramatiques de vie.

    Ils avaient presque tout partagé. Ces choses qui font que l’intimité de deux amis devient indulgence, tendresse et respect mutuel.

    Ces instants ou un regard est une bouée de sauvetage parce que l’on se met en devoir de sauver une fois encore, celui qui se noie.

    Parce qu’on se dit qu’on l’aime avant tout comme un frère, un fils trop fragile, qui pourrait sombrer dans ses cauchemars, qui trop souvent l’assaillent, et qu’au fond, on sait aimer plus qu’on le dit et davantage encore qu’on serait près à  l’avouer.

    Cette félonie, cette ironie de la vie qui conduit celui qu’on voulait capable de plus de loyauté  que son propre frère, ce coup de poignard dans le dos de celui qui, tout en étant à vos coté, vient de vous signifier qu’il y avait un mur entre lui et vous, que vous n’aviez jamais vu.

    Max se rendait compte qu’Alexandre ne lui avait jamais donné de chance d’être plus qu’un simple ami, malgré tout ce qui s’était passé entre eux.

    Sans le savoir Alexandre venait de lui dire qu’il ne l’avait vu que comme …

    Mais comme quoi au fond ?

    Max venait de prendre  une claque effroyable dans la gueule, après toutes ces années, comment se pouvait-il qu’Alexandre n’ait rien vu ? Qu’il n’ait rien ressenti ? 

    Se pouvait-il qu’Alexandre n’ait pas remarqué quelque chose ?

    Lui qui avait ressenti déjà ce frisson étrange qu’on ressent quand l’autre, qu’il soit ami, ou simple passant, occupe soudainement toutes vos pensées au point qu’on puisse en avoir le sentiment de mourir ?

    N’avait il jamais été interpellé par ces spasmes qui faisaient, qu’il arrivait à Max d’être interdit et soudainement d’arrêter de penser, de respirer et de vivre quand il imaginait et vivait au fond de son corps, la peur de  perdre Alexandre ? 

    Max était anéanti et il n’arrivait pas même à pleurer.

    Le bruit de l’eau qui continuait à couler dans la baignoire, remplissait le silence de la chambre et résonnait dans la salle de bains.

    Max savait qu’il allait lui falloir se lever s’il voulait que la baignoire ne déborde pas.

    Mais il ne parvenait pas à bouger.

    Il était détruit. Et pourtant il savait qu’il allait devoir affronter la réalité, Alexandre et son secret. Mais qu’allait-il faire de son secret à lui ?

    Son téléphone portable sonna, mais il n’avait pas véritablement envie de voir de qui était l’appel.

    Il l’imaginait très bien et il savait que sans doute a cet instant, s’il répondait, il dirait ces mots qu’il ne voulait surtout pas mettre sur ce qu’il ressentait là, maintenant.

    Et puis d’un coup tout se mit en place dans sa tête. Alexandre n’avait rien compris, Alexandre était passé à coté, après 35 ans il semblait difficile de repartir à zéro, surtout quand l’un des deux devait surmonter un mensonge qui ressemblait à une trahison, alors il fallait partir, se séparer.

    Peut-être pour un temps, peut-être pour toujours, mais partir parce que ce drame qui les avait réunis, était peut être un signe fort d’une nécessité impérieuse de tout changer, de tout mettre à plat de tout déconstruire.


  • Max voulait pendant un instant oublier tout ça, comme pour se ressourcer, y voir plus clair.

    Il chercha à se replonger dans ses souvenirs d’enfance, mais dès que lui revinrent à l’esprit ces innombrables foyers et familles d’accueil dans lesquels on l’avait placé et balloté au gré des humeurs des fonctionnaires soi-disant protecteurs de l’enfance, les questions qu’il se posait plus jeune et que l’âge avait fini par enterrer remontèrent à la surface.

    Qui était-il ? D’où venait-il ?

    Il ne le saurait jamais, ses parents, si tant est qu’il eut pu les retrouver il y a quelques années, étaient probablement morts, si ce n’est de vieillesse peut être même avaient-ils péris dans le cratère.

    Comme pour se vider la tête, il se laissa glisser dans l’eau, jusqu’à ce que son visage soit totalement submergé et il poussa un hurlement vaguement étouffé par l’eau.

    Lorsqu’il ressortit la tête, quelques poignées de secondes plus tard, il constata avec effroi qu’il n’était pas seul dans la salle de bain.

    Le gérant alerté par le hurlement avait fait irruption dans la chambre en utilisant son passe partout et il se trouvait maintenant dans la salle de bain, face à Max.

    Le visage de Max s’empourpra.

    « Ca va Monsieur ? »

    Max était comme tétanisé, mais il réussi à faire oui de la tête et d’un geste de la main signifia son congé à l’intrus qui s’empressa de regagner son comptoir miteux.

    Il resta plongé dans l’eau, laissant sa peau se flétrir plus qu’elle ne l’était d’ordinaire, même si la nature lui avait conféré un corps qui ne faisait pas son âge.

    C’est lorsqu’il fut saisi par une sensation de froid qu’il se décida enfin à sortir et à enfiler le peignoir élimé qui trainait accroché de guingois à la patère branlante.

    Max frissonnait, il s’essuya et fila dans la chambre pour enfiler ses vêtements.

    Il aperçu son téléphone portable qui brillait comme un phare par une nuit claire pour lui signifier qu’il avait des messages.

    Il attrapa son téléphone avec une envie de l’envoyer valser sur le mur.

    C’est à ce moment là qu’il vit l’heure.

    Il s’était endormi dans la baignoire et l’après-midi avait filé depuis longtemps.

    Il était minuit.

    Et comme si cela ne suffisait pas, son corps lui réclamait ripaille par de grands gargouillis sonores et tonitruants.

    Il s’habilla, enfila son manteau et sortit de la chambre.

    La nuit était noire comme de l’encre de chine, quelqu’un par une ruse perfide avait du voler la lune.

    Il pensa à Alexandre.

    Il a du s’inquiéter, le pauvre !

    Et puis crotte, c’est bien fait pour lui.

    Il se décida à sortir son téléphone de la poche dans laquelle il l’avait plongé.

    Après avoir tapé le code pour le débloquer, il constata qu’il y avait 35 messages, tous d’Alexandre.

    Est-ce un signe ?

    Un message par année de mensonge ?

    Il regardait son téléphone, hésitant entre appeler son répondeur pour en prendre connaissance ou tous les effacer.

    Il remit la décision à plus tard et tout en enfouissant son téléphone dans la poche de son manteau, il se dirigea vers l’accueil de l’hôtel, c’est alors qu’il réalisa que le motel du premier jour de « l’après » était devenu hôtel.

    Il regarda alentour et constata que c’était le seul changement, ce qui lui parut bien présomptueux vu le distingué de l’établissement.

    Le gérant était derrière son comptoir.

    « Pouvez-vous m’appeler un taxi, s’il vous plait ! ».

    Max déposa la clef de la chambre sur le comptoir, sortit du hall sombre et alla s’asseoir sur le rebord de la fenêtre.

    Quelques minutes plus tard, une voiture s’arrêtait devant lui.

    « C’est pour vous le taxi ? »

    Il monta dans le véhicule.

    « Conduisez-moi jusqu’à un restaurant correct, s’il vous plait ! »

    Le chauffeur démarra et roula en direction du nouveau centre ville.

    Quelques minutes suffirent pour rejoindre un quartier animé et éclairé à tel point qu’on se serait cru en pleine journée.

    « Vous pouvez m’attendre ! Je vous réserve pour la soirée ! ».

    Max sortit une liasse de grosses coupures de sa poche intérieure.

    « Pas de souci, Monsieur ! »

    Max retira quelques billets qu’il donna au chauffeur.

    « Le reste à la fin de votre service ! »

    Vu que les quelques billets qu’il avait reçu représentaient déjà plus que ce qu’il aurait fait jusqu’à la fin de sa nuit, le chauffeur sourit et descendit pour ouvrir la portière à Max.

    « Bon appétit, Monsieur ! »

    Max remercia le chauffeur par un signe de tête accompagné d’un sourire et entra dans le restaurant qui contrairement à ce qu’il aurait pensé était bondé.

    Il attendit quelques instants puis un serveur vint lui proposer une table.

    Max eut un choc.

    Le serveur lui rappelait Alexandre à l’époque où ils avaient travaillé ensemble pour la première fois sur le chantier du centre commercial.

    Il se revit le jour de l’inauguration, découvrant un Alexandre nouveau, beau comme un dieu et ressentit ce coup au cœur, le même qui l’avait frappé ce jour là, ce jour maudit où il était tombé amoureux.

    Le garçon était charmant, sa voix douce émoustillait les oreilles de Max qui se sentit retrouver ses 30 ans.

    Max plaisantait gentiment avec le serveur, faisant des allusions grivoises.

    Il en oubliait tout le reste.

    Le repas était délicieux et le serveur passait régulièrement le voir, comme si sa survie dépendait des petites plaisanteries et des mots doux de Max.

    Le téléphone de Max sonna.

    Il décrocha machinalement.

    -    « Max ? »
    -    « Ben oui ! Qui veux-tu que ce soit ? »
    -    « Enfin ! Tu es où ? Je m’inquiète ! Je t’ai laissé des tonnes de messages ! »
    -    « Je passe une merveilleuse soirée ! Alors ne me gâche pas ça aussi ! »

    Max raccrocha et chercha du regard son petit serveur.

    La vue du jeune homme, le replongea dans l’allégresse et l’insouciance.

    Il se sentait l’âme d’un adolescent et cela lui faisait un bien fou.

    Il était presque deux heures du matin lorsqu’il termina son dessert.

    -    « Un café, Monsieur ? »
    -    « Ca dépend ! Tu compte me tenir éveillé encore longtemps ? »
    -    « Je vous l’apporte tout de suite, Monsieur ! »

    Max se délectait de ces échanges et se rendit compte qu’il ne s’était pas senti aussi bien depuis très longtemps, trop longtemps.

    Le garçon apporta l’addition à Max.

    Lorsqu’il souleva le ticket pour découvrir le montant de la note, il put constater qu’il y avait un petit mot écrit juste en dessous.

    « Je finis mon service dans 30 minutes »

    Lorsque le serveur vint encaisser, Max lui sourit.

    -    « Je t’attendrai dans le taxi garé juste devant ! »
    -    « L’entrée du personnel est de l’autre côté du bâtiment ! »

    Max jubila lorsque Dimitri lui fit un clin d’œil pour ponctuer sa phrase.

    Il lui avait fallut demander à plusieurs reprises son prénom au serveur pour qu’il consente à le lui donner.

    Max avait usé d’un charme inouï dormant depuis des décennies au plus profond de lui.

    Il se sentait revivre.

    Après avoir payé sa note non sans laisser un gros pourboire, il sortit du restaurant et monta dans le taxi qui l’attendait.

    « Allez vous garer face de l’entrée du personnel de l’autre côté du bâtiment s’il vous plait, nous allons attendre quelqu’un ! »

    Max sortit de sa poche quelques grosses coupures et les tendit au chauffeur qui s’exécuta.

    Dimitri frappa ouvrit la porte et s’assis près de Max.

    -    « Où as-tu envie d’aller Dimitri ? »
    -    « Chez moi ? »
    -    « Pas tout de suite ! Amusons-nous un peu d’abord ! »

    Max s’adressa au chauffeur et lui demanda de les conduire jusqu’à un piano bar.

    La voiture commençait à rouler, lorsque Dimitri n’en pouvant plus posa ses lèvres sur celle de Max, premier pas d’un merveilleux baiser long et sensuel qui allait unir les deux hommes pendant tout le trajet.

    Après quelques cocktails doux et sucrés, après quelques caresses discrètes et quelques baisers dignes de deux adolescents pré-pubères, les deux amants remontèrent dans le taxi qui les attendait.

    « On va chez moi ! »

    Max venait de donner son adresse au chauffeur qui prit la direction de la maison où Alexandre faisait les cent pas dans la partie commune, face à la porte fermée qui donnait accès aux appartements de Max.

    Arrivés à destination, Max paya le chauffeur comme convenu et s’engouffra chez lui avec Dimitri.

    « Viens, je veux te montrer quelque chose ! »

    Max prit la main de Dimitri et l’emmena jusqu’à la piscine intérieure.

    Tout en partageant baisers et caresses, les deux amants se déshabillèrent mutuellement, puis se jetèrent à l’eau.

    Entendant du bruit Alexandre se dirigea vers la piscine.

    Lorsqu’il découvrit Max et ce jeune garçon enlacés, il fit demi-tour et regagna sa chambre.

    Il s’effondra en pleurs sur son lit.

    Il venait de recevoir comme un pieu en pleine poitrine, une douleur insupportable s’était abattue sur lui.

    Comment était-ce possible ? Pourquoi est-il jaloux ?

    Aurait-il pu pendant toutes ses années ne pas se rendre compte qu’il aimait Max autrement que comme son meilleur ami ?


  • Jaloux ? Non en colère !

    Alexandre était en colère contre Max et son indécence ou en colère contre lui même ?

      S'il ne lui avait pas caché la vérité Max n'aurait pas accompli cet acte de provocation désepéré, car Max n'était pas homo, il le savait, il l'aurait senti au cours de toutes ces années.

    Leur amitié était elle entachée d'un désir refoulé ?

    Pour sa part non, il en était certain, mais pour Max ?

    Et ce jeune homme qui ressemblait tellement à son premier amour...

    Comme s'il avait vieilli et que le temps ait épargné Angelo.

    Tout était confus dans sa tête et c'est cette confusion qui s'exprimait par des larmes de rage.


  • Alexandre souffrait et se sentait coupable, par son mensonge, d’avoir poussé Max dans les bras de ce jeune homme qui ressemblait à Angelo.

    Il aperçu au mur de sa chambre la photo « des jours heureux », comme il aimait l’appeler.

    Cette photo qu’il avait toujours gardée dans son portefeuille et qu’il avait fait refaire, agrandir et encadrer et qui trônait au mur de sa chambre.

    Elle avait été prise lors de l’anniversaire des 30 ans d’Eve.

    La bande des quatre y était au complet ; Claire et Eve, Angelo et lui.

    Instinctivement, il se dit que c’est comme ça que Max avait pu savoir à quoi ressemblait Angelo.

    Plus, il y pensait et plus, il se sentait mal à l’aise.

    Tout était de sa faute.

    Il avait menti à Max pendant 35 ans et son ami se sentait probablement trahi et humilié.

    Pourquoi n’avait-il jamais trouvé le courage de tout lui dire ?

    Le soleil commençait à vouloir se frayer un chemin au travers des volets.

    Alexandre fut terrorisé.

    Il n’avait pas dormi de la nuit et il allait devoir affronter le regard de Max.

    Il fallait qu’ils en parlent, c’était à lui de rattraper le coup.

    Comment allait-il faire ?


    Max regardait Dimitri dormir auprès de lui, il était merveilleusement beau.

    Le soleil qui commençait à se lever lui léchait tendrement la peau et le recouvrait d’or.

    Il se sentait bien.

    Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien.

    Il se sentait comme libéré, soulagé d’un poids énorme, d’une entrave qu’il avait porté pendant tout ce temps sans même s’en rendre compte.

    Il dégagea son bras, coincé sous le cou de Dimitri, le plus délicatement possible pour ne pas le réveiller.

    Il se leva et regarda une fois encore cet ange qui dormait dans son lit et qu’il avait serré dans ses bras.

    Max souriait et irradiait de bonheur.

    En se savonnant sous la douche, il retrouva sa peau qui n’était plus lisse comme il y a 50 ans.

    Son visage se transforma et son sourire radieux s’envola.

    Il venait de retomber sur terre et Alexandre lui revint en mémoire.

    Il allait falloir gérer la situation.

    Il se souvint d’avoir vu qu’Alexandre les avait aperçus lui et Dimitri, alors qu’ils étaient dans la piscine.

    « Et puis après tout, c’est de sa faute ! »

    Max finit de se préparer et décida pour crever l’abcès de préparer le petit déjeuner dans la cuisine commune qui donnait sur le jardin, comme ça il profiterait de la douceur matinale pour s’installer sur la table de la terrasse.

    Alexandre entendit du bruit et jeta un coup d’œil à sa fenêtre.

    Max était en train de préparer la table du petit déjeuner sur la terrasse et avait placé 3 sets de table.

    Alexandre comprit que Max allait l’attendre, en cette zone commune, cette zone neutre et que l’heure des explications était arrivée.

    Il n’avait plus le choix, tout allait se jouer ce matin.

    Il se dirigea vers la salle de bain et après avoir constaté les ravages du temps sur son visage et son corps dans le miroir, il entra sous la douche.

    Après s’être habillé, Alexandre se dirigea vers la porte qui séparait ses quartiers de la zone commune.

    Il avait la poignée de porte dans la main, mais il restait figé, comme paralysé, incapable d’appuyer.

    Cette frontière qui le séparait de ses responsabilités lui semblait comme insurmontable.

    Max avait préparé un vrai festin.

    Il regarda la table chargée et souri, satisfait du résultat.

    Il entraperçu l’ombre d’Alexandre derrière la porte de ses appartements.

    Il se dirigea alors vers la porte.

    Il tendit la main et saisit un manteau à la patère.

    « Je n’ai plus qu’à aller chercher des croissants et tout sera parfait ! »

    Max avait parlé distinctement, comme si son habitude d’aider Alexandre ne pouvait le quitter.

    Il claqua la porte et se mit en route vers la boulangerie.

    Alexandre se sentit pris au piège.

    Il connaissait trop bien Max pour ne pas avoir compris son stratagème.

    Il devait trouver en lui les forces pour franchir cette porte qui le séparait de son destin.

    Il prit son courage à deux mains et ouvrit la porte.

    Il lui fallait maintenant redoubler d’effort pour faire un pas en avant, le pas qui le propulserait dans la réalité de ses actes, de ses choix, de ses responsabilités.

    Il savait qu’il n’avait pas le choix, qu’il devait en passer par là, mais il n’arrivait pas à trouver les forces pour faire ce premier pas.

    D’un coup, il franchit la ligne et se dirigea rapidement vers la table de la terrasse pour y prendre place.

    On aurait dit un marcheur de fond partant au coup de sifflet ou plutôt au signal donné par le bruit de la clé dans la serrure, qui annonçait le retour de Max de la boulangerie.

    Max avança sur la terrasse et vida le sac de croissants dans le panier qu’il avait placé sur la table.

    « Tiens ! Alex ! Déjà debout ? Bien dormi ? »

    Alexandre fut surpris par ce ton anodin.

    • « Heu ! »
    • « Je vois ! Pas bien réveillé ! Tu veux du café ? »


    Alexandre était complètement déstabilisé et ne savait quoi répondre.

    Max prit les devant, lui tendit une tasse de café et après s’en être servi une, s’assit en face d’Alexandre et tout en le regardant dans les yeux, croqua dans un croissant, dont il savoura le goût qu’il trouvait particulièrement délicieux aujourd’hui.

    • « Max ! Il faut que l’on parle ! »
    • « Oui ! Je sais ! Mais petit déjeunons d’abord ! »

    Alexandre n’avait pas faim, il se sentait mal, il avait la nausée.

    • « Je suis désolé, Max ! »
    • « Après le petit déjeuner, Alex ! »
    • « Ecoutes … »

    Alexandre ne put finir sa phrase.

    • « Non, c’est toi qui écoute ! Je ne reviendrais pas sur ton mensonge qui est pour moi, pire qu’une trahison. Je veux juste que l’on s’organise pour vendre la société ! »
    • « Oui, bien sûr, c’est que l’on avait prévu ! »
    • « ON ! Ca fait plus d’un an que je te dis que je suis fatigué et que je veux m’arrêter et c’est hier que tu m’annonce que tu es enfin prêt à vendre ! Tu exagère un peu, tu ne trouves pas ? »
    • « Oui, tu as raison, je suis désolé ! »
    • « Et arrêtes d’être désolé ! Tu as fait tes choix dans ta vie, assumes-les ! »
    • « Comment pouvais-je deviner que tu étais amoureux de moi ? Je te connais bien, tu n’es pas gay ! »
    • « Tu ne me connais pas Alexandre, parce que tu ne t’es toujours intéressé qu’à toi ! »
    • « Mais tu n’es pas gay ? »
    • « Non ! Je suis juste tombé amoureux de toi, le jour de l’inauguration ! Je n’ai pas tout de suite compris ce qui m’arrivait. C’est quelques années plus tard, lorsque l’on s’est retrouvé que j’ai compris que ce qui me paraissait inimaginable était une réalité. »
    • « Pourquoi tu ne m’as rien dit ? »
    • « Je te retourne la question ? »

    Alexandre se sentit comme poignardé en plein ventre.

    Sa culpabilité venait encore de gagner une bataille et lui assenait un coup violent.

    • « Pourquoi CE mec ? Tu voulais te venger alors tu en as choisi un qui ressemble à Angelo ! »
    • « D’abord, il s’appelle Dimitri et ensuite, il ne ressembla pas à Angelo ! Il TE ressemble ! Lorsque je l’ai vu, je t’ai retrouvé le jour de l’inauguration ! »

    Une nouvelle fois Alexandre pris la réponse de Max en pleine face et une nouvelle fois il fut secoué par un séisme intérieur dévastateur.

    • « Et tu compte en faire quoi ? J’espère que tu es conscient que s’il est dans ton lit, c’est à cause de ton portefeuille ? »
    • « Peut être ou peut être pas ! Mais quelles que soient ses motivations, Dimitri me rend heureux ! Cela durera ou pas ! Mais de toute façon, ça ne te concerne pas ! Tu as raté ta chance, mon vieux, c’est trop tard ! »

    Une fois de plus, Max retournait le couteau dans la plaie et un éclair de douleur traversa Alexandre de part en part, et le clouait dans une immobilité contre laquelle il avait du mal à lutter.

    « Et si tu veux tout savoir, je me demande si je ne vais pas déménager ! »

    Max venait de porter un coup fatal, Alexandre en eut le souffle coupé.

    Une douleur atroce lui vrillait les tripes et commençait à se diffuser dans tout son corps.

    Il s’affaissa dans le fond de la chaise.

    Il sentait ses forces l’abandonner.

    « Alex ! Alex ! Ne fais pas le con ! Reste là ! »

    Max dégaina son téléphone et composa le numéro des urgences.

    Dimitri fit son apparition sur la terrasse au moment où Max raccrochait alors qu’on venait de lui confirmer qu’une ambulance arrivait dans quelques minutes.

    • « Il s’est effondré ! »
    • « Pousses-toi ! Laisses-moi faire, je suis secouriste ! »

    Max regardait la scène, impuissant.

    Dimitri semblait savoir ce qu’il faisait.

    Une sirène raisonna et son vacarme se rapprochait très vite.

    « Vas leur ouvrir ! Vite ! »

     


  • Que se passe-t-il ?

    Tout ce bruit autour de moi. Où suis-je ? La dernière chose dont je me rappel c'est Max qui me disait qu'il voulait déménager et puis plus rien. Le trou noir. Je me suis senti glisser de tout mon long.

    Et je l'ai entendu crier mon nom: « Alex! Alex! Ne fais pas le con! Reste là! » Mais entendre est un grand mot. Est-ce ça mourir ? Je les entends mais ne ressens rien. Plus aucune douleur. Suis-je encore conscient ou suis-je déjà mort ? Je ne veux pas partir ainsi. Il y a encore tant de chose que j'aurais voulu lui dire.

    Une sirène, j'entends une sirène. Les secours arrivent. Je ne suis peut-être pas encore mort en fin de compte.

    « Monsieur, vous m'entendez ? Si vous m'entendez serrez-moi la main. Si vous m'entendez clignez des yeux. »

    Il me prend pour un idiot celui-là. Bien sur que je l'entends. Bien sur que je sers sa main qui est plutôt douce d'ailleurs. Bien sur que je cligne des yeux. Ne voit-il rien ? Je hurle de tout mon être. Ouh-ouh, je suis là.

    « Il est inconscient mais ses fonctions vitales ne sont pas endommagées. Nous allons l'emmener avec nous. Etes-vous de sa famille ?
    _ Non, je ne suis que son colocataire, associé et ami. »

    C'est Max, je l’entends. Colocataire, associé et ami. Il a dit ça avec tellement de tristesse. Ami. Ce mot sonne creux dans sa bouche.

    « Y a-t-il de la famille que vous pourriez prévenir ?
    _ Non, personne. Je suis sa seule famille. Puis-je venir avec vous ? Je ne voudrais pas qu'il se réveille sans que je sois à ses côtés.
    _ D'accord. Suivez-moi. »

    Je sens qu'on me soulève. J'essaie tant bien que mal de bouger mais rien n'y fait. J'ai l'impression d'être prisonnier de mon propre corps. Que m'est-il arrivé ? Nous partons, je sens l'ambulance démarrer. Ma main bouge pourtant ce n'est pas moi. Quelqu'un me la serre très fort. Ce doit être Max. J'espère que c'est lui. Ce n'est pas le médecin car elle est moins douce que celle de tout à l'heure. Je la sens plus vieille aussi.

    « Ne t'inquiète pas, je suis là. Je serais toujours là. Ne me fais pas ça. Ne m'abandonnes pas Alex. »

    Un murmure. Juste un murmure. Mais une promesse. Je lui dois bien ça. Je vais tenir. Je ne t'abandonnerai jamais, je te le promets.

    On s'arrête. On doit être arrivé. Plein de bruit. Trop de bruit. On m'arrache à ta main. Je ne veux pas la quitter. Je cris ton nom mais personne ne m'entend. Mais je vais tenir rien que pour sentir une nouvelle fois ta main dans la mienne.


  • Alexandre se réveilla en sursaut.

    Il était trempé de sueur.

    Il se demandait où il se trouvait.

    Il ne connaissait pas cet endroit, cette chambre.

    Dans la pénombre, il ne distinguait pas grand-chose, mais il savait qu’il n’était pas chez lui.

    Pourquoi, ce mal au crâne ?

    Suis-je toujours à l’hôpital ? Pourtant ça ne ressemble pas à un hôpital ici !

    De dessous une porte fermée s’échappait une lueur, probablement de la pièce voisine se dit Alexandre.

    Il rassembla toutes ses forces et réussi à se lever.

    Il avança jusqu’à la porte d’une démarche mal assurée en manquant de tomber à plusieurs reprises, un peu comme si ses jambes avaient du mal à le soutenir.

    Pourquoi ce mal de crâne ?

    La douleur est intense et c’est elle qui me brouille quelque peu la vue, se disait-il.

    Il manqua une fois de plus de s’écrouler au sol et se rattrapa de justesse à un meuble qui se trouvait là, entrainant la chute de quelque chose.

    A peine quelques secondes suffirent pour permettre à Alexandre de savoir que le ray de lumière venait d’une pièce où il y avait quelqu’un.

    Cet homme se précipita pour le soutenir et le reconduire au lit.

    • « Alexandre ! Ca va vous n’avez rien ? Ce n’est pas raisonnable dans votre état ! »
    • « Max ? C’est toi ? »
    • « Voyons Alexandre qui voulez-vous que ça soit ? »
    • « Tu ne me tutoies plus ? »
    • « Va pour le TU, ça sera plus facile ! »
    • « Comment ça plus facile ? »
    • « Tu ne te souviens donc de rien ? »
    • « Je suis perdu là ! »
    • « Faut dire qu'avant-hier tu en tenais une sacrée ! »
    • « Hein ? Quoi ? »
    • « Houlà ! T’as pas dessaoulé toi ! Tu en tenais une plus costaud que ce que je pensais ! »
    • « Mais, je n’ai rien bu avant de m’écrouler ! Je n’avais même pas pris mon petit déjeuner ! »
    • « Tu rigole ! Avec tout ce que tu t’es enfilé vendredi ! »
    • « Mais, non je t’assure ! »
    • « Allez ! Allonges-toi, je vais te chercher un verre d’eau ! »
    • « Mais on est où ici ? »
    • « Ben ! Chez moi ! Je n’allais pas te laisser repartir, de toute façon t’en étais incapable ! Alors, je t’ai ramené chez moi ! »
    • « T’as changé la déco ? »
    • « Non, pourquoi ? Comment aurais-tu pu connaitre ma déco de toute façon ? »
    • « Tu me fais marcher là ? »
    • « Voilà t’es bien calé ! Je reviens ! »

    Une fois Alexandre allongé Max sorti de la chambre toujours dans la pénombre.

    Alexandre le regarda s’éloigner, pensif.

    Je n’y comprends rien ! Que se passe-t-il ? Et puis Max, je le trouve différent !

    Alexandre entendit Max ouvrir la porte d’un réfrigérateur.

    Comment est-ce possible ? La cuisine n’est pas à côté de sa chambre !

    Décidemment, il se sentait totalement perdu.

    Il tâtonna pour trouver une lampe de chevet et lorsque sa main trouva l’interrupteur, il découvrit une pièce totalement inconnue.

    Ce n’est pas possible, une pièce aussi miteuse dans notre maison !

    Lorsque Max entra dans la pièce un verre d’eau à la main, Alexandre poussa un hurlement !

    • « Ne me dis pas que tu es allergique à l’eau ? »
    • « Ton visage ? »
    • « Quoi mon visage ? Je suis si laid que ça ? »
    • « Non, justement ! »
    • « Ben, mon vieux ! Tu ne devrais pas boire, ça ne te réussi pas du tout ! »

    Max tendit le verre à Alexandre.

    • « Tes mains ? »
    • « Quoi mes mains ? »
    • « Elles sont lisses ! »
    • « Oui et alors ? »
    • « Max quel âge as-tu ? »
    • « Je viens d’avoir trente-cinq ans ! Mais pourquoi cette question subitement ? »

    Alexandre bu le gigantesque verre d’eau d’une seule traite.

    • « Et moi, j’ai quel âge ? »
    • « Je ne sais pas exactement, mais je dirais, dix ans de moins que moi ! »
    • « Normalement, c’est moi qui devrait te poser des questions pour savoir si tu es encore saoul ! »
    • « Max, je viens de faire un horrible cauchemar ! »
    • « Pas étonnant, tu dors depuis presque 30 heures ! »
    • « C’était pourtant si réel ! »
    • « Ce qui était réel, c’est l’inauguration de vendredi et la cuite que tu as pris au champagne ! »
    • « J’ai du sacrément boire ! »
    • « Tu as bu plus que ce que j’ai du boire de toute ma vie ! Mais rassures-toi, tes futurs associés ne t’ont pas vu dans cet état ! »
    • « Merci ! »
    • « De rien ! Mais je ne pouvais pas te laisser comme ça ! »
    • « Et ce pyjama ? »
    • « C’est un des miens, je me suis permis de t’éviter de dormir dans ton costume, tu ne m’en veux pas j’espère ? »
    • « Tu m’as déshabillé ? »
    • « Je me suis dit que ça serai plus confortable ! Et puis ne t’inquiètes pas, j’en ai vu d’autres lorsque je faisais du sport à l’université ! »
    • « Je me sens gêné ! »
    • « Il ne faut pas, la nature t’as gâté ! »

    Max et Alexandre avaient le visage rosissant.

    Comme pour changer l’atmosphère Max lança :

    • « Et ton cauchemar alors ? »
    • « C’était horrible ! Mais je crois que j’ai une leçon à en tirer ! »
    • « Ah ? »
    • « Oui, il faut que je te dise quelque chose ! »