• Chapitre 7 (Barbapapa)

    Plusieurs dizaines de kilomètres les séparaient, cela faisait plus de six ans qu’ils ne s’étaient pas revus et aucun des deux ne se doutait que cette journée allait être celle qui changerait leur vie.

    Max était perturbé, chaque fois qu’il avait eu ses pensées rétrospectives sur les mauvais moments de sa vie qui revenaient à la surface, ça n’avait  jamais été de bon présage pour la journée.

    Alexandre avait les neurones qui se bousculaient, il lui fallait trouver au plus vite une idée pour que son oubli passe inaperçu.

    Malgré ce mauvais pressentiment, Max se prépara pour son rendez-vous. Il avait largement le temps, mais il se méfiait des embouteillages. Il devait traverser toute la contrée et ne serait probablement de retour en ville que tard dans l’après-midi. Il n’aimait pas prendre des chantiers loin de la ville, mais le client avait un gros potentiel et permettrait des perspectives prometteuses.

    Alexandre embrassa l’amour de sa vie et de subterfuge en subterfuge, après lui avoir souhaité un bon anniversaire, lui promis une soirée mémorable. Il devait aujourd’hui se rendre dans la ville voisine, car le cabinet d’architecture dont il était aujourd’hui associé, était en lisse pour un projet ambitieux et que tous les associés avaient mis entre ses mains à l’unanimité.

    Max monta dans sa voiture et pris des chemins de traverse pour rejoindre l’autoroute.

    Alexandre savait que son rendez-vous se finirait assez tôt pour lui permettre de consacrer sa fin d’après-midi non seulement à l’organisation de la surprise qu’il voulait parfaite, mais également à rechercher un cadeau d’exception.

    Max était ravi d’avoir pu éviter les sempiternels bouchons du matin et roulait sur l’asphalte lumineuse qui reflétait le soleil extraordinairement brillant.

     Alexandre décida de prendre la nationale et évita ainsi les bouchons.

    Max avait toujours cette sensation bizarre et ce mauvais pressentiment.

    Alexandre faisait semblant de ne pas s’inquiéter et se rassurais en se disant qu’il aurait le temps de s’occuper de tout pour que le diner en amoureux soit le parfait reflet de ses sentiments.

    Deux hommes, deux destins, deux routes, deux destinations et pourtant la vie allait faire en sorte que de nouveau leurs chemins se croisent.

    La radio diffusait les dernières notes d’une chanson populaire.

    « Et maintenant, le bulletin météo. Le soleil brillera partout dans la contrée. Fait exceptionnel pour la saison. »

    Une nouvelle chanson suivait cette information qui n’était pas un scoop pour Max et Alexandre, qui avaient dus mettre leurs lunettes de soleil.

    Lorsqu’une nouvelle chanson commença, Max fit la grimace, il n’aimait décidément pas cette chanson.

    Au même moment, Alexandre, chantonnait  sur les rythmes de sa chanson préférée.

    « Flash Spécial ! ».

    Les deux hommes concentrés sur leur conduite et pensant au déroulé de leur journée, continuaient à voir se dérouler les kilomètres.

    « C’est une catastrophe nationale ! ».

    L’un comme l’autre tendirent l’oreille.

    « Il s’agit du pire évènement n’ayant jamais frappé notre pays ! ».

    Max et Alexandre étaient attentifs.

    Qu’a-t-il bien pu se passer ?

    « Nous vous tiendrons informés dès que nous aurons de nouvelles informations ».

    Max et Alexandre s’en voulaient de ne pas avoir été attentifs plus tôt.

    Ils étaient impatients qu’un nouveau flash d’informations vienne leur permettre de savoir.

    Il ne se passa pas très longtemps avant qu’un jingle strident retentisse.

    « Flash spécial ! »

    Cette fois, les deux hommes écoutaient.

    « L’information nous a été confirmé par nos correspondants qui se sont rendus sur place. Le centre ville a été totalement éradiqué de la carte ! ».

    Max et Alexandre eurent le même reflexe.

    Ils pillèrent et immobilisèrent leurs véhicules.

    « La faille sismique s’est ouverte et a engloutie tout le centre ville sur une surface de près de trente kilomètres carrés ! La capitale ressemble désormais à un trou béant ! Les spécialistes ne s’expliquent pas qu’aucune secousse n’ait été ressentie alentour ! La ville semble s’être enfoncée d’un coup dans les entrailles de la terre ! ».

    Alexandre s’effondra en pensant à l’amour de sa vie qui n’était plus.

    Max s’effondra en pensant à tous ses hommes, ses équipes qui avaient péris dans cette monstruosité.

    Ils redémarrèrent leurs véhicules et firent demi-tour pour regagner la ville ou plutôt ce qu’il en restait.

    Dès qu’ils s’en rapprochèrent, ils furent détournés.

    Des barrages avaient été mis en place.

    Les forces de polices essayaient tant bien que mal de contenir les flots d’inquiets et de curieux qui affluaient de partout pour voir les restes encore fumant de poussières volantes.

    Il y avait des barrières tout autour du trou béant dont on ne pouvait pas voir le fond.

    La panique, la tristesse se lisait sur tous les visages.

    Les gens se bousculaient pour pouvoir constater par eux-mêmes l’impossible vérité.

    Alexandre réussi à se frayer un chemin jusqu’au bord du gouffre.

    Constatant avec effarement qu’il n’y avait plus aucun doute possible, que l’amour de sa vie avait été emporté dans les profondeurs du sol, Alexandre se ratatina, tombant  genoux au sol et les mains sur le visage s’effondra en sanglots.

    Sentant une main se poser sur son épaule, il se retourna.

    Max le regardait les yeux perlant et l’air aussi désemparé que lui.

    Alexandre se releva grâce à la main que Max lui tendait.

    Ils se prirent dans les bras l’un de l’autre et se mirent à pleurer chacun sur l’épaule de l’autre.

    « J’aurais préféré que l’on se retrouve dans d’autres circonstances ! ».